De Gustave Guillaumet à Naime Merabet en passant par Claude Vicente, tout un programme sous le titre de « Printemps algérien » au musée La Piscine, à Roubaix.
A l’occasion de la rétrospective de l’œuvre de Gustave Guillaumet (voir page Bol d’art), le musée La Piscine, à Roubaix (Nord), organise depuis le 9 mars un « Printemps algérien » à travers plusieurs expositions et un accrochage issu de ses collections graphiques. Le musée roubaisien interroge la place de l’Algérie dans une histoire politique et culturelle partagée avec la France. Il rend par exemple hommage à Claude Vicente, lequel fut directeur de l’école des beaux-arts d’Oran (Algérie) puis de Tourcoing (Nord), avec un regard sur son œuvre discret de peintre et sur sa collection de céramique du Maghreb. Son étudiant Mahjoub Ben Bella introduit cette exposition par quelques œuvres.
Né au sud-ouest d’Alger à Médéa, Naime Merabet arrive très jeune à Roubaix où il passe toute son enfance. Son travail de rencontres volées au cours de longues déambulations dans les rues de Médéa offre un témoignage sensible de l’Algérie qu’il quitta enfant.
L’exposition Abdelkader, l’émir de la résistance évoque la construction de l’image de ce héros national, chef religieux et militaire, grâce au prêt exceptionnel de trois portraits conservés à Paris au château de Versailles et au musée de l’Armée.
Au sein de ses collections d’arts graphiques, La Piscine conserve de nombreuses œuvres « orientalistes ». Dans le cadre de son cycle d’accrochage thématique Belles feuilles & Petits papiers, le musée a choisi de présenter un extrait de ces collections en privilégiant la vision réaliste et picturale d’artistes du XXe siècle sur l’Algérie.
Pour prolonger le « Printemps algérien », la municipalité de Roubaix dédiera à l’Algérie sa Fête de l’amitié programmée les 29 et 30 juin.
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« Printemps algérien », jusqu’au dimanche 2 juin 2019 au musée La Piscine, à Roubaix.
Un pastel du Lillois Constant Brochart
• Extrait de la préface du catalogue de l’exposition Abdelkader, l’émir de la résistance, préface écrite par Bruno Gaudichon, directeur et conservateur du musée La Piscine.
« Parmi les œuvres fondatrices d’une dimension artistique à laquelle aspire le musée de Roubaix sous le Second Empire, on remarque aujourd’hui un lumineux pastel du Lillois Constant Brochart (1816-1899).
Acquis en 1866 à l’occasion d’une loterie organisée dans le cadre du Salon de la Société artistique de Lille, ce portrait montre une jeune femme au costume et à la parure éminemment orientaux et prétend représenter Aïcha, l’une des femmes d’Abdelkader. Il est à présent évident que le modèle ne peut en aucun cas être l’une des épouses de l’émir qui n’eût jamais pu poser, le visage découvert, devant un artiste européen. La notoriété d’Abdelkader explique sans doute que Brochart ait choisi d’identifier ainsi très librement cette élégante dont la pose semble être celle d’une actrice en tenue de scène, expression courante, dans cette génération, d’un Orient fantasmé et bâti en atelier. […] »